ACTIN
Ce que la lumière nous fait, aucune image ne sera capable de le restituer. Là est la part de manifeste que l’oeuvre de Mustapha Azeroual énonce. Nous vivons pourtant dans une illusion sociale de ce pouvoir des images. L’artiste prend donc le contrepied de cette illusion, et réalise des oeuvres qui incarnent le visible au lieu de le représenter. Tel est l’univers de l’ingénierie poétique de Mustapha Azeroual : un monde tangible du visible. Ce qui est donné à voir et qui échappe à la représentation est une source. Et pour en restituer l’expérience, Mustapha Azeroual conçoit des oeuvres qui sont des manières de phare. Elles génèrent des expériences visuelles, tactiles, sensibles, éblouissent parfois, guident peut-être. Elles peuvent être des phares-matrices qui engendrent à leur tour des formes et des traces. C’est une chose étrange que de s’intéresser à ce point aux dispositifs lumineux, et de ne pas aboutir à des images. Mais n’est-ce pas reprendre à la racine l’invention de la photographie, et l’engager dans une autre voie ? Réinitialiser le processus pour activer des expériences optiques et poétiques. (…)
[extrait du texte] « Le tangible et le visible », mai 2019 – Michel Poivert